Sous les rayons ardents du soleil, jaillissent du sol meurtri par la chaleur les cactus nahuatl, aussi appelés nopal. Emblèmes du Mexique, dont elles ornent le drapeau, ces plantes arborescentes de la famille des cactées ont été introduites en Europe au XVe avec les premiers échanges commerciaux entre le Vieux et le Nouveau Monde. Les figuiers de Barbarie se sont ensuite acclimatées dans les régions chaudes du pourtour méditerranéen, et plus particulièrement en Afrique du Nord. Nécessitant peu d’eau, les nopals supportent tous les sols et toutes les températures, à l’exception du gel. Ils sont de fait invasifs et poussent le long des sentiers. Bien qu’ils soient gorgés d’eau, leur apparence austère évoque dans l’imagination les temps de grande sécheresse. Mais au printemps, les cactus verts prennent des airs de fête et se parent de notes colorées. Sur leurs tiges plates en forme de raquette appelées « cladodes » poussent de petites fleurs. Au fil des mois, elles se transforment naturellement en fruits précieux et délicats.

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Un cœur qui se mérite

Ces baies ovoïdes et charnues, de couleur jaune, orange, rouge ou même verte, pèsent entre 150 et 400 g. Mais gare aux cueillettes sauvages ! Ce sont des trésors bien gardés : sur leur peau épaisse se dressent des aiguillons quasiment invisibles à l’œil nu : les glochides. Pour récolter les figues de Barbarie, il faut donc se munir d’un long bâton, fendu en plusieurs parties à l’extrémité, dont la forme ressemble à un volant de badminton.

Leur culture délicate et laborieuse justifie leur rareté sur les étals, malgré une longue saison pour les consommer, allant du mois d’août à octobre. Seules celles à la peau tendue sont mûres. Lorsque les figues de Barbarie ne sont pas préparées par les marchands, leur prix est moindre, mais il faut alors s’armer de patience. À l’aide de gants épais, elles sont frottées délicatement pour enlever les aiguillons. Certains n’hésitent pas à faire preuve d’imagination pour venir à bout des épines : un chewing-gum mâché, du ruban adhésif ou l’usage d’une pince à épiler pour les attraper.

Plante utile, fruit précieux

Après avoir coupé leurs extrémités à l’aide d’un couteau, on épluche les figues avec un économe ou on les pèle à la main. Elles révèlent alors une chair fondante et juteuse, parsemée d’une multitude de pépins noirs comestibles. Ces fruits à la saveur douce et sucrée sont gorgés d’eau et rafraîchissants. La culture des nopals est d’ailleurs considérée comme vitale dans les pays arides, selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture). Ils constituent une réserve d’eau importante, résistent aux sécheresses récurrentes, évitent la dégradation et l’appauvrissement des sols et limitent l’avancée du désert.

Dans certaines régions algériennes, ils sont même devenus une denrée précieuse et permettent de faire vivre économiquement des villages entiers, grâce à l’extraction de l’huile de pépins de figues de Barbarie, l’huile la plus chère du monde ! Riche en vitamine E, elle est prisée de la cosmétologie pour ses vertus raffermissantes. Pour obtenir un litre de ce précieux élixir, il faut compter une tonne de pépins.

Plus couramment, ce cactus cache d’autres secrets :

  • Les jeunes tiges peuvent se déguster à la mexicaine, taillées en julienne et poêlées. Elles rappellent le goût du haricot vert mais ont une consistance gélatineuse.
  • Les figues de Barbarie se consomment aussi sous forme de confiture, pâte de fruits ou gelée (pour accompagner une viande de canard, par exemple) mais aussi séchées, à grignoter comme des confiseries.
  • Laissées en maturation, elles donnent le célèbre alcool mexicain, la tequila.
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Un fruit aux multiples utilisations.

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