Origine de la gariguette : de la Rome antique au Chili

Jusqu’au XVIIIe siècle, seule la fraise des bois poussait dans nos contrées. Exploitée par les Romains dès l’Antiquité pour ses vertus cosmétiques, réputée depuis le Moyen-Âge pour soigner plaies et maux de tête, elle est préconisée contre les engelures et même « contre la puanteur de la bouche », écrit Johannes de Cuba en 1491. Objet d’une culture organisée à partir de la Renaissance, la minuscule fraise reste pourtant marginale.

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En 1704, un officier français rapporte du Chili une fraise enfin charnue, « aussi grosse qu’une noix et parfois qu’un œuf de poule », dit l’homme qui, vous ne le croirez pas, s’appelait Amédée-François Frézier ! Croisée avec une variété de Virginie, la nouvelle fraise s’appellera « ananas ». Elle est à la base de toutes les variétés actuelles.

Quelques croisements plus tard, apparaît une fraise très amincie, issue d’une variété méditerranéenne. Elle est le fruit du travail de Georgette Risser, chercheuse à l’Inra Avignon. Ainsi naît la gariguette, à la fin des années 1970 et au milieu de la garrigue. D’où son nom. Mais… peu exigeante en eau, elle est hélas aussi peu productive. Chère, fragile au ramassage, voyageant mal, ne se conservant que deux jours au froid, elle sera snobée par les producteurs. Elle devra pourtant sa survie aux fraiséristes du Lot-et-Garonne, qui seront les seuls à tenter l’aventure de cette fraise d’une saveur intense, au parfait équilibre sucre/acidité. Pari fructueux et succès garanti : elle est désormais la plus cultivée en France*.

Une fraise gariguette distinguée

Forme allongée, texture douce, fragrance subtile… Reconnaissable entre quelques 600 variétés connues, la gariguette affiche un taux élevé de 60 mg de vitamine C et juste 36 calories aux 100 g. Première fraise à mûrir dans nos jardins en mai, elle est aussi cultivée sous serre et se savoure dès la mi-mars.

On en trouve jusqu’à fin juin, venant d’Aquitaine. Grâce au travail de l’Association interprofessionnelle de la fraise du Lot-et-Garonne (AIFLG), la gariguette a obtenu – avec la ciflorette de forme identique – le Label rouge en 2009. Il consacre la protection biologique intégrée et la pollinisation naturelle par les bourdons de cette fraise au parfum rare.

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La France consomme 120 000 tonnes de fraises par an, toutes variétés confondues, et n’en produit que 40 000 (5e producteur européen).
L’Aquitaine est la 1re région (43 % de la production), le Lot-et-Garonne le 1er département (500 ha, 11 500 tonnes, dont 44 % en gariguette).

D’autres variétés de fraises :

  • La fraise de Plougastel
  • La cigaline
  • La ciflorette
  • La charlotte
  • La mara des bois
  • La maestro
  • La darselect
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*Sources AOPn Fraise. Organisation des producteurs de fraises regroupant 40 % de la production organisée en France. Dont 40 % consacrés à la gariguette.

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